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même nom qu'elle

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Elle subit les problèmes d’une femme qui porte son nom

Une Montréalaise doit sans cesse expliquer qu’elle n’est pas la bonne Sylvie Maranda

Améli Pineda Mardi, 28 février 2017 00:00

Confondue avec une autre femme qui porte le même nom et qui est née le même jour qu’elle, une Montréalaise dit être exaspérée d’être pourchassée par des agences de recouvrement, et parfois même par le gouvernement.

«Je suis tannée de faire rire de moi quand j’essaie d’expliquer que je ne suis pas la personne qu’ils recherchent», lance Sylvie Maranda.

Celle qui croyait avoir un nom de famille peu répandu vit une situation assez exceptionnelle, comme le confirme le Directeur de l’état civil du Québec. Deux Sylvie Maranda­­ sont bel et bien nées le même jour, de parents différents.

Harcelée pour rien

Depuis plus de 20 ans, la femme de 52 ans dit se retrouver malgré elle dans des situations malencontreuses.

Le dernier incident, rapporte-t-elle, remonte au 11 janvier. L’agence de recouvrement FDR lui a alors réclamé 3000 $ relativement à un emprunt impayé pour l’achat d’une voiture.

«J’ai paniqué, je ne comprenais pas parce que je n’ai même pas d’auto», dit-elle.

La Montréalaise dit avoir perdu des dizaines de minutes au téléphone à expliquer qu’il y avait erreur sur la personne.

«C’est frustrant. Ils m’ont répondu: “Ils disent tous ça.” Je ne comprends pas comment ils font pour vérifier s’ils appellent la bonne personne», enrage Mme Maranda.

Après avoir parlé à un superviseur de l’agence, elle a pu régler le dossier.

«Nous avons fait quelques vérifications et nous avons vu que son histoire était crédible», indique Tony Marando, superviseur à l’agence de recouvrement FDR.

Ce dernier explique que, normalement, les coordonnées du débiteur sont fournies par le créancier. Lorsque ces informations ne sont pas disponibles, l’agence tente de les trouver «sur internet» avec des outils aussi simples que le bottin téléphonique.

Pour Mme Maranda, cette explication prouve que les agences de recouvrement manquent de rigueur.

«Je pense qu’ils ne réalisent pas le stress que ça provoque. Je n’ai rien contre l’autre Sylvie, si elle ne veut pas payer ses factures, c’est son problème. Mais pourquoi c’est à moi de me battre chaque fois pour prouver que je ne dois rien?» dit-elle.

À quelques semaines de prendre l’avion pour des vacances, elle est préoccupée.

«J’ai peur qu’un jour, l’autre femme soit recherchée et que ça me tombe dessus. Je pense que je finirais par m’en sortir, mais quand même, juste imaginer que je pourrais passer des heures à me justifier, ça m’inquiète», confie Mme Maranda.

Changer d’identité

Mme Maranda déplore que la seule solution soit de changer d’identité.

«Ce qui m’enrage, c’est de constater que c’est à moi de payer pour prouver que je suis correcte», dit-elle.

Un changement de nom de famille coûte actuellement 135 $, sans compter les frais pour le changement de toutes les pièces d’identité: permis de conduire, passeport, carte d’assurance maladie, etc.

Le professeur de droit public Pierre Trudel­­ estime que ce n’est pas aux victimes de payer pour un changement de nom lorsqu’il y a erreur sur la personne.

«Les autorités ont une attitude détes­table. Elles agissent comme si c’était la faute de la personne de porter le même nom qu’une autre qui est recherchée», dit-il.

Des erreurs dont elle dit avoir été victime

  • Sylvie Maranda dit avoir reçu un avis de suspension de permis de conduire pour des constats impayés.
  • Elle dit avoir reçu un avis de réclamation pour une carte de crédit impayée.
  • Elle dit avoir reçu la visite d’un inspecteur au lendemain des élections fédérales de 2006 pour attester qu’elle n’avait pas tenté de voter deux fois.
  • Elle dit avoir reçu une citation à comparaître pour un dossier dans lequel elle n’était pas impliquée.

Ce qu’on pourrait faire pour éviter les erreurs

Selon le professeur de droit Pierre Trudel

  • Avoir un registre des anciennes adresses de chaque personne.
  • Inclure le nom des parents aux informations de chaque personne.

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