Réalités ABUSEURS les journaux : des sentinelles

Le «Monsieur» à la SAAQ, c’est elle !

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Magalie Lapointe Mercredi, 25 janvier 2017 18:02

SAINT-HYACINTHE | La transgenre qui a porté plainte à la Société de l’assurance automobile du Québec après qu’un employé lui eut dit «Monsieur» à plusieurs reprises, est déçue que la SAAQ recule devant son initiative pour éviter que l’erreur se répète.

Le Journal révélait mercredi que depuis le mois de juin, les employés de la SAAQ de Saint-Hyacinthe ne pouvaient plus dire «Monsieur» ou «Madame» aux clients, à la suite d’une plainte d’une personne transgenre.

Huguette St-Denis, 52 ans, a été très choquée alors qu’elle s’est présentée à la SAAQ le 20 juin dernier pour renouveler son permis de conduire. Selon elle, il était évident qu’elle était une femme et non un homme.

Pourtant, un employé l’aurait alors appelée plusieurs fois «Monsieur», car son nom masculin figure toujours dans les dossiers.

Directive

e mercredi suivant, les employés de la succursale de Saint-Hyacinthe ont été réunis et, selon nos sources, une gestionnaire leur a alors dit qu’il y avait un nouveau projet-pilote et qu’il ne fallait plus dire «Monsieur» ou «Madame» aux clients.

Des employés ont donc appliqué cette directive jusqu’à cette semaine alors que la SAAQ dit avoir clarifié sa directive auprès des employés.

Huguette St-Denis n’a pas demandé que les employés ne puissent plus dire «Monsieur» ou «Madame», mais a dit avoir été contente d’apprendre qu’une initiative avait été prise par la SAAQ pour ne pas que l’erreur se répète.

«Moi, si on m'appelle encore “Monsieur” à la SAAQ ou si la Société recule à cause du syndicat, j'irai aux droits de la personne», a dit Huguette St-Denis.

Dans sa plainte, Mme St-Denis précisait que si rien ne bougeait, elle communiquerait avec les médias et les droits de la personne.

Elle espérait un retour de la SAAQ lui expliquant les mesures prises par la direction pour éviter qu’un autre événement de ce genre ne se produise. Elle dit ne jamais avoir eu de suivi de la SAAQ à ce sujet.

Toutefois, une dame du service à la clientèle de la SAAQ lui aurait confirmé que la direction travaillait sur le problème et trouverait une solution.

Confiance

Le président régional du syndicat qui représente les employés de la SAAQ, Franck Di Scala, a jugé la directive comme un manque de confiance envers les employés.

«C’est un épisode malheureux, c’est vrai (d’avoir appelé Mme St-Denis “Monsieur”), mais historiquement, on n’a rien à reprocher aux employés», a ajouté monsieur Di Scala.

Il a mentionné également qu’il était important de respecter le droit des personnes et de continuer de porter plainte pour faire avancer les choses.

 

Il y a bien eu un projet-pilote pour éviter le problème

 

Des sources anonymes du Journal maintiennent que la SAAQ a présenté la nouvelle directive de ne plus dire «Monsieur» ou «Madame» comme étant un projet-pilote qui aurait pu être étendu à l’ensemble du Québec s’il s’était avéré concluant.

Chaque mercredi, les employés de la SAAQ de St-Hyacinthe assistent à une rencontre avec le gestionnaire de l’endroit.

Lors de la première rencontre hebdomadaire suivant la plainte déposée par Huguette St-Denis à la fin juin, la gestionnaire, qui est partie à la fin de 2016 pour une autre SAAQ, a dit que leur établissement implanterait un projet-pilote et qu’il fallait dorénavant éviter de dire «Monsieur» ou «Madame» aux clients.

La SAAQ venait alors tout juste d’assurer à Mme St-Denis qu’une telle situation ne se reproduirait plus.

La SAAQ nie

Mercredi, le porte-parole de la SAAQ, Mario Vaillancourt, a nié qu’il y ait eu un projet-pilote à cette succursale.

«On ne nie pas qu’il y ait eu des initiatives de prises à la SAAQ de Saint-Hyacinthe, mais il ne s’agissait pas d’un projet-pilote», a-t-il dit.

Selon lui, les employés ont mal compris l’initiative et la SAAQ va clarifier la situation avec les employés afin de ramener l’usage des mots «Monsieur» et «Madame».

Ce n’était pas la première fois que Mme St-Denis était appelée «Monsieur» dans un endroit public puisque ça lui était déjà arrivé dans une clinique de Saint-Hyacinthe.

Elle a décidé de porter plainte cette fois-ci puisque selon elle, l’employé a répété le mot «Monsieur» à plusieurs reprises et qu’elle s’était sentie insultée.

À la clinique, l’infirmière qui avait lu son nom masculin sur le dossier s’était rapidement excusée en voyant qu’elle était en fait une femme et elle avait ajouté une note au dossier pour ne plus que ça se répète.

«Vous voyez, ce n’est rien de compliqué et je me suis sentie respectée», a conclu Huguette St-Denis.

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