Réalités ABUSEURS les journaux : des sentinelles

1000$ pour un rapport

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Elle chargeait jusqu'à 1000$ à des clients pour des rapports Héloïse Archambault Mercredi, 16 novembre 2016 06:30


La psychologue Éliane Lévy a plaidé non coupable aux six chefs d’infraction de son Ordre. Selon la SAAQ, elle n’a fourni aucune preuve que 3 444 traitements ont été dispensés.

Mise sous filature et surveillance vidéo par la SAAQ, une psychologue de Montréal est soupçonnée d’avoir facturé des traitements qu’elle n’aurait jamais dispensés. Il n’existerait pas de preuve pour 3444 séances.

«Je referais exactement tout ce que j’ai fait», a dit lundi au Journal Éliane Lévy, qui a plaidé non-coupable­­ aux six chefs d’infraction de l’Ordre des psychologues du Québec (OPQ).

Enquête de la SAAQ

Les faits reprochés à la psychologue spécialisée auprès des accidentés de la route se sont déroulés de 2004 à 2014. Hier, la neuvième journée d’audition se tenait dans ce dossier.

La plainte de l’OPQ fait suite à une enquête de plusieurs mois de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ), en 2013.

Lundi, un enquêteur de la SAAQ a expliqué avoir eu recours à la filature et la surveillance vidéo pour vérifier les allées et venues des patients au bureau de Mme Lévy.

Selon le rapport, 3 444 traitements ont été remboursés à la psychologue par la SAAQ sans aucune preuve que les séances ont eu lieu.

«Pour plusieurs individus, la durée des traitements variait entre 45 minutes et 1 heure, alors que la psychologue a facturé des dizaines de doubles traitements pour une même journée», note le rapport de la SAAQ.

Le document indique aussi que Mme Lévy facturait cinq fois plus de traitements par patient accidenté que la moyenne provinciale (75 au lieu de 13). Entre 2009 et 2012, elle a facturé 416 143 $.

Parmi les personnes accidentées qui ont reçu des traitements, deux auraient été vues plus de 500 fois chacune en moins de six ans.

Traitements à l’étranger

Selon la SAAQ, Mme Lévy a chargé des séances alors qu’elle se trouvait à l’étranger. La psychologue a dit avoir rappelé des clients «en détresse».

«Je suis une personne avec une conscience morale, a dit Mme Lévy au Journal. Si un patient a un problème, je ne dirai pas qu’il va bien pour faire plaisir à la SAAQ.»

Par ailleurs, l’OPQ reproche à Mme Lévy d’avoir convaincu un «regroupement de clients de porter plainte» contre la SAAQ, indique la plainte.

L’Ordre soulève aussi la mauvaise tenue des dossiers des patients, dont des manquements dans la nature et la durée des consultations.

Mme Lévy a dit avoir fait l’objet d’une autre enquête de la SAAQ et d’une inspection professionnelle par le passé. Les deux fois, elle dit avoir été blanchie.

La SAAQ a rompu ses liens d’affaires avec Mme Lévy à la fin 2013. «La cause étant toujours en cours devant les tribunaux, nous ne ferons aucun autre commentaire», écrit le service des communications.

Mme Lévy a déposé des poursuites en dommages contre la SAAQ et l’OPQ. Elle n’a pas d’antécédent disciplinaire.

 

Extraits du rapport d’enquête de la SAAQ

« Alors qu’elle était absente du Canada, elle a réclamé à la SAAQ 68 traitements. Parmi ces clients, 37 ont à leur tour réclamé des frais de transport. »

« En 2012, cette psychologue arrive en tête pour le nombre de traitements dispensés avec une moyenne de 75 traitements par dossier.»

« La psychologue a réclamé, à quelques occasions, des séances de psychothérapie alors qu’elle n’avait pas encore rencontré les clients. »

« Des clients ont déboursé à Mme Lévy des sommes variant entre 400 $ et 1000 $ pour obtenir un rapport, que la SAAQ a également payé. »

« 3 444 séances de psychothérapie ont été remboursées par la SAAQ, alors que selon les dossiers des patients, il n’y a pas de preuve que ceux-ci furent donnés. »

 


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